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Est-ce que manger bio coûte plus cher ?

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Caroline Vivant
Publié le
Les décryptages
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Melons, bananes, framboises bio, mais aussi muesli, lasagnes et autres produits transformés : le bio conquiert un peu plus chaque jour nos habitudes de consommation. Selon l’Agence Bio, plus de 6% de la consommation alimentaire des ménages français y seraient consacrés, soit un chiffre d’affaires de 11,9 milliards d’euros en 2019. Un engouement qui n’empêche pas les critiques sur le coût élevé des produits. Le bio est souvent considéré comme un luxe réservé aux classes aisées. Qu’en est-il en réalité ? Consommer bio coûte-t-il vraiment plus cher ? L’équipe du Kaba décrypte.

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Le bio, c’est bon

Avant d’examiner les prix du bio, revenons sur sa définition première. D’après les normes européennes de 1991, un produit bio est :

  • un produit naturel (donc brut ou issu d’une transformation minimaliste : pas d’arômes de synthèse ni d’enrichissements en vitamines ou de traitements ionisants)
  • un produit cultivé sans pesticides
  • un produit respectueux du bien-être animal

Le respect de ces normes est souvent garanti par des labels, nous les avons d’ailleurs décryptés pour vous !
Consommer bio, c’est donc privilégier des produits bruts aux produits transformés : fini les plats cuisinés industriels, on réinvestit sa cuisine ! Mais c’est aussi soutenir des techniques agricoles moins nocives pour l’environnement. On protège donc sa santé, et celle de la planète.
Seulement voilà, on considère souvent le bio comme un luxe, une mode bien plus coûteuse que l’alimentation traditionnelle. Comparons les prix et tentons de les expliquer : peut-on consommer bio et moins cher ?

Bio versus non-bio : pourquoi de tels écarts de prix ?

Dans une étude de 2019, l’UFC Que Choisir compare les prix des 24 fruits et légumes les plus consommés en France. Le résultat est sans appel : à la fin de l’année, un panier bio revient environ deux fois plus cher qu’un panier traditionnel. En effet, on compte 660 euros par an pour les 24 produits bio, contre 368 euros pour ceux issus de l’agriculture conventionnelle.
Selon Rodolphe Bonnasse, spécialiste de la consommation en grande distribution, le bio coûterait en effet « entre 15 et 30% plus cher ». Mais cela s’explique. D’abord parce que produire bio est plus onéreux : « Pour remplacer les pesticides, il faut plus de main d’œuvre, plus d’entretien et des intrants souvent plus coûteux » explique-t-il. Mais également parce que les rendements du bio sont inférieurs : les produits sont plus fragiles, les pertes ainsi plus importantes. Mais Rodolphe Bonnasse relève un autre facteur, plus ambigu : le coût de l’importation des produits bio. « Un consommateur achèterait un produit bon pour la planète, car cultivé sans pesticides, mais importé de Pologne dans des camions réfrigérés ? » interroge l’expert. Côté chiffre, l’incohérence se confirme, puisqu’en 2019, 31% des produits bio sur les étals français étaient importés.
Les raisons sont variées, la conséquence unique : acheter bio coûte un peu plus cher. Mais de nombreux consommateurs sont prêts à faire cet investissement engagé. C’est le cas de Pascale Pitavy, mère de trois (grands) enfants : “Je préfère payer plus cher, mais à avoir un produit qui a plus de goût et qui est meilleur pour ma santé. Et puis comme on privilégie la qualité à la quantité, on est plus attentifs et cela réduit le gaspillage”.

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Devenir locavore

Une des solutions pour faire baisser le prix d’un produit bio est donc de raccourcir la chaîne de distribution. C’est ce qu’on appelle « consommer local » : vous achetez au distributeur le plus proche du producteur, voire auprès du producteur lui-même. Plus de produits transformés, ni de coûts des transports. Bien souvent, cela permet aussi de ne pas payer les marges ajoutées par les enseignes distributrices, sujettes à controverse en ce qui concerne le bio. Vous vous rapprochez des producteurs, donc des produits eux-mêmes : vous soutenez ainsi la transition vers le bio, et vous favorisez une alimentation plus saine et plus cuisinée qu’industrialisée, que demander de plus ?
Vous habitez en ville ? Ce n’est pas une raison pour renoncer à l’alimentation locale ! Il existe des commerces vrac, bio et locaux dans certaines grandes villes de France (consulter notre cartographie pour Paris).
Vous pouvez également rejoindre une AMAP bio ! Une Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne met en relation directe des consommateurs et des producteurs, on vous en dit plus dans notre article dédié ou sur notre comparatif des paniers de fruits et légumes bio. Si votre budget est serré, des ajustements existent ! Vous pouvez par exemple mensualiser l’encaissement des chèques, ou participer aux récoltes pour faire baisser le prix du panier.
Alors certes, acheter bio est un peu plus lourd pour le porte-monnaie … pour l’instant. Et oui, la bonne nouvelle c’est que plus on achète bio, plus on fait baisser les prix du bio, sur le long terme. Sur le marché de l’alimentation, plus la part des ventes de bio est grande, plus la pression sur l'agriculture conventionnelle augmente : elle devient alors moins lucrative. L’agriculture bio se développe ainsi de façon majoritaire, et les prix baissent, c’est un cercle vertueux !

Manger bio est donc finalement un acte engagé, pour votre santé et pour la société.

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