Il existe aujourd’hui pléthore de pictogrammes qui viennent décorer les emballages et fiches produit pour donner du crédit aux enseignes. Supposés certifier une fabrication respectueuse d’un ensemble de règles, il peut s’avérer difficile de prendre du recul sur les labels écologiques. Le Kaba décrypte.
Lorsqu’on entame sa transition vers une consommation plus responsable, on devient à l’affût du moindre petit label ou picto qui nous certifiera que tel produit est plus “vert’ qu’un autre. Avec un doute latent… est-ce que je ne me ferais pas avoir par le marketing malhonnête de certaines marques ?. On apprend rapidement que tout ce qui est vert n’est pas forcément écologique pour autant. Alors en second temps, on se penche sur la certification des produits par les labels. A première vue, nulle raison de se méfier. Un produit labellisé est forcément un produit de qualité. Non ?
Comme pour tout, la réalité est bien moins tranchée. Les labels aussi peuvent être trompeurs et participer au greenwashing. Un label environnemental n’a de sens que s’il est multicritères, qu’il prend en compte le cycle complet du produit, de sa production à sa fin de vie, et qu’il est agréé par un organisme indépendant.
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Un label peut aussi être complètement mensonger lorsqu’il est utilisé par une marque pour se valoriser, alors que la pratique en question est déjà interdite par la Loi … Le Kaba vous aide à y voir plus clair. C’est parti !
Les faux labels du tri, un vrai casse-tête
Ce sont peut-être les pictogrammes les plus connus du grand public. Tidyman, Ruban de Möbius ou Point Vert … Ils sont supposés nous aiguiller lorsqu’on bute devant nos poubelles, mais sont souvent appréhendés de façon erronée. Le Tidyman, petit bonhomme debout devant la poubelle, ne certifie rien du tout et n’apporte aucune garantie écologique. Il est simplement là pour rappeler que l’emballage doit être jeté dans une poubelle, et non dans la nature. Quant au Triman, le bonhomme aux trois flèches, lui aussi est incitatif. Il est obligatoire depuis 2015 sur les emballages recyclables, afin d’aider le public à trier les déchets.
Le Ruban de Möbius, ces trois flèches vertes ou noires qui se suivent, est le symbole universel du recyclage. Selon la norme ISO 14021, il indique que le produit est recyclable, mais rien ne garantit que l’objet en question sera bien recyclé une fois jeté. Il sert aussi à reconnaître les objets élaborés soit à partir de matériaux recyclés soit à partir de matériaux recyclables (lorsqu’il y a un pourcentage au centre des flèches). A ne pas confondre avec le Point Vert, qui signifie uniquement que l'entreprise contribue financièrement à un système global de tri, collecte sélective et recyclage des déchets d'emballages ménagers. Cela n’indique pas que le déchet est recyclé ni recyclable.
Pour ne plus faire d'erreurs, consultez notre guide du tri !
Le plus célèbre label du textile : OEKO-TEX® Standard 100
Oeko-Tex Standard 100
Largement cité comme la référence en matière de label textile, OEKO-TEX® Standard 100 fait effectivement ses preuves lorsqu’il s’agit de récompenser les marques n’utilisant pas de produits chimiques dangereux pour leurs textiles. Mais peut-on décemment féliciter une enseigne qui ne met pas en danger ses consommateurs ?
Le label OEKO-TEX® Standard 100 certifie uniquement que le tissu vendu ne contient pas de métaux lourds, de perturbateurs endocriniens ou de substances cancérigènes. Il est d’ordre sanitaire, pas écologique ni social. Cela signifie qu’un vêtement certifié OEKO-TEX® Standard 100 peut tout à fait être synthétique et absolument pas bio. L’usine n’est pas non plus tenue de contrôler ses émissions polluantes, et les conditions de travail de ses salariés. 1
Les “labels” du bois : FSC et PEFC
Ces deux certifications sont supposées certifier la gestion durable des forêts dont le bois est issu. On les trouve par exemple sur les meubles, le petit mobilier ou les jouets. Concernant le Programme de reconnaissance des certifications forestières (PEFC), qui n’est d’ailleurs pas un label mais une certification, les conditions pour l’obtenir sont largement décriées par WWF et Greenpeace notamment. On l’accuse de n’être délivrée que sous réserve d’un paiement, en l'absence d’un contrôle sérieux et d’un cahier des charges clair. Avec PEFC, les Amis de la Terre parlent même d’éco-blanchiment de la déforestation2. En 2006, un reportage de Yann Arthus Bertrand mettait en lumière la certification PEFC des entreprises responsables de la destruction au napalm des forêts primaires en Tasmanie. 3
Quant au label Forest Stewardship Council (FSC), considéré comme étant le meilleur label du bois, les critiques d’éco-blanchiment fusent aussi. Greenpeace International s’est désolidarisé de leur programme en 2018, n’ayant plus “la certitude que le FSC peut toujours garantir une protection environnementale suffisante face aux multiples menaces qui pèsent aujourd'hui” sur les forêts. Suite à la diffusion d’un documentaire Arte intitulé “Forêts labellisées, arbres protégés ?”, Greenpeace conclut même : “la certification favorise dans certains cas une exploitation toujours plus intense de la forêt, au détriment de la biodiversité et de ses habitants”. 4
Les labels Cruelty free, “non testé sur les animaux”
Le petit lapin qu’on retrouve sur les produits cosmétiques a tendance à vous amadouer ? C’est compréhensible, on préfère être sûr.e qu’une marque ne teste pas ses produits sur les animaux. Cela dit, les labels PETA, One Voice ou Choose Cruelty Free ne doivent pas devenir des arguments d’achat. Pour une bonne raison : tester ses produits sur les animaux est interdit en Europe depuis 2013. Ainsi, nul besoin pour une marque de se vanter de respecter la loi…5
D’autre part, il est bon de rappeler que les labels “non testé sur les animaux” n’indiquent en rien que le produit est vegan, c’est à dire qu’il ne contient aucune ingrédient d’origine animale dans le produit ou dans l’emballage. Ces labels n’indiquent pas non plus systématiquement que la marque ne distribue pas ses produits dans des pays étrangers qui autorisent les tests sur les animaux.6
Les “labels” de la grande distribution, auto-déclarés verts
Sur les étagères des supermarchés fleurissent chaque année de nouveaux pictogrammes estampillés du logo de l’enseigne. Monoprix Vert, Carrefour Agir, Auchan Mieux Vivre … Toutes ces gammes “vertes” sont supposées encadrer les produits fabriqués dans un respect des conditions environnementales.
La plupart du temps, ces “labels” auto-déclarés ne font l’objet d’aucun contrôle indépendant, mis à part quelques visites ponctuelles de la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF). En clair, la marque se labellise toute seule selon ses propres critères. Et le plus souvent, il s’agit surtout d’enjeux marketing. C’est humain, quand le paackaging est vert ou marqué “nature quelque chose”, nous avons tous tendance à penser que c’est plus éco-responsable, voire bio. C’est peut-être le cas… mais peut-être pas. D’où l’importance d’être vigilant.
À quels labels faire confiance ?
Toutes ces informations peuvent être assommantes, et tout remettre en question dans votre façon de consommer. Alors voici quelques labels écologiques auxquels vous pouvez toujours vous fier sans prendre de risque.
NF environnement et Ecolabel européen : les deux uniques écolabels reconnus par les pouvoirs publics.
Ecocert : Le label certifie des produits sans OGM, sans colorant, sans parabène, sans parfum de synthèse ; une utilisation raisonnée des ressources naturelles ; des procédés de fabrication et de transformation respectueux de la nature et de la santé ; Le respect de la biodiversité et des emballages recyclables
GOTS : Ce label indique que les fibres textiles proviennent de l’agriculture biologique. Il oblige à établir un plan de durabilité qui prend en compte la consommation d’eau et d’énergie ainsi que la gestion des déchets.
Cosmebio : Il certifie que le produit cosmétique est bio, encourage un approvisionnement éthique et durable ainsi qu’un procédé de transformation doux et non polluant et une composition extérieure propre.
B-corp : La Benefit Corporation” récompense les entreprises lucratives qui poursuivent, en plus de leur activité commerciale, un but social et environnemental.
Label EPEAT : Réservé à l'électronique, il assure que que le produit consomme un minimum, contient du plastique recyclé (jusqu’à 35% pour les plus exigents) et qu’il n’y a aucun métal lourd.
Nature et Progrès : Il indique que la production se fait d'une manière respectueuse de l'environnement. Il est complété par des exigences supplémentaires sur la biodiversité, la saisonnalité…
Origine France Garantie : contrairement au “Made In France”, ce label garantit que le produit a été confectionné en France et que plus de 50% de son prix de revient (somme des coûts liés à la production, la distribution, etc) est le fait d’un travail réalisé en France.
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